par 23 Janvier 2021
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Le Tatara, four traditionnel japonais ou bas fourneau, est utilisé pour la fusion du fer et de l’acier. Si vous avez vu le film d’animation « Princess Mononoke », vous avez alors pu apercevoir ce célèbre four. Par extension, on nomme également le bâtiment abritant le four ainsi que le personnel qui y travaille Tatara.

L’acier traditionnel du Japon provient du « fer à repasser » que l’on désigne aussi sous « fer-sable » ou encore « sable de fer » (Satetsu en japonais). C’est un métal à très forte concentration de fer, gris foncé ou noirâtre.

Le Tamahagane (Tama : bijou ; Hagane : acier) ou acier qui en est extrait est ensuite utilisé pour la fabrication des épées et sables japonais. L’acier est aujourd’hui encore fondu dans le Tatara.

Il reste peu de Tatara sur l’archipel. L’un des rares encore en activité se situe à Shimane, préfecture côtière de l’île de Honshu, le Tatara Nittoho. Celui-ci a été construit en 1977 par la société japonaise Nittoho en collaboration avec l’Agence des affaires culturelles du Gouvernement japonais et Hitachi works. Le site n’est cependant opérationnel que durant la période hivernale !

On ne connait pas exactement l’origine étymologique du terme Tatara. Il pourrait être natif de Corée ou d’Inde. Le mot aurait pu être importé avec la technique de travail du fer. Il semble par ailleurs se rapprocher d’un mot sanscrit, « Tatala » qui signifie « chaleur ». Néanmoins, la technique proviendrait de Manchourie. Si durant l’ère Edo, la production de Tamahagane est le fait de petits artisans, l’ère Muromachi voit apparaitre la production de masse avec des techniques de fabrication en évolution. Les Tatara deviennent plus grands (pour le travail de la fonte blanche) et un système de drainage des impuretés est ajouté sur la construction.

Le four se compose d’une large cuve en argile (la Tatara) haute d’un mètre environ, de trois mètres de long et d’un mètre de large. Deux soufflets sont disposés de part et d’autre du four, permettant d’insuffler de l’air. La cuve en argile est dans un premier temps façonnée et séchée puis cuite. Un feu de charbon de bois est allumé dans la fonderie du four d’argile. Lorsqu’il atteint la température de 800°, le Satetsu est ajouté. Puis le forgeron va superposer les couches de charbon de bois et de Satetsu et ce pendant  trois jours. Ce travail est laborieux et demande une surveillance constante. Aussi, plusieurs personnes besognent en permanence pendant cette phase importante. Une bonne semaine est nécessaire pour la construction du Tatara et pour que le fer soit converti en acier !

Une fois le processus achevé, le four est brisé et on y récupère « le Loupe ou Kera », résidu de métal d’où sera tiré le Tamahagane qui servira à la confection des sabres Katana mais encore le Bukera et le Kerazuku (de moins bonne qualité), utilisés pour la fabrication d’outillages, de couteaux, etc. Encore très pollué à ce stade par des scories (résidu solide issu de la fusion des métaux), il faudra encore aux forgerons faire preuve de beaucoup d’adresse pour parvenir à les ôter afin d’obtenir un métal quasi pur et prêt à être façonné.

Pour produire environ 2,5 tonnes de Tamahagane, il ne faudra pas moins de 10 tonnes de fer à repasser et 12 tonnes de charbon de bois. On comprend aisément pourquoi le coût de cet acier est élevé et pourquoi la société Nittoho le met uniquement à la disposition des maîtres forgerons !

 

Marino pour ojapon.cm

Sources : internet

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